Si les maisons donnant lieu à une recherche architecturale novatrice représentent une faible proportion des réalisations en matière d’habitat individuel, une grande diversité s’impose parmi ces dernières. Cette multitude d’expérimentations spatiales et plastiques, rendues possibles par des techniques constructives innovantes, reflète les évolutions socio-économiques du siècle dernier.
De subtiles évolutions se font jour en matière d’architecture domestique dès l’Entre-deux-guerres. Les partisans d’un habitat moderne plus confortable voient leurs idées se concrétiser dans la construction de premières maisons conçues avant tout comme des lieux fonctionnels à l’esthétique sobre et dépouillée. Certaines œuvres, telles celles de l’architecte Otto Zollinger, s’inscrivent dans la lignée des villas avant-gardistes du Franco-Suisse Le Corbusier, ou de l’Allemand Walter Gropius. D’autres, comme celles de Georges Vallin, s’inspirent de modèles de maisons modernes diffusées par la presse nationale.
S’appuyant sur ces premières expériences, les architectes de l’après Seconde Guerre mondiale réinventent une architecture domestique en l’adaptant aux attentes d’une société en pleine effervescence. Le visage de la maison évolue vers plus de technicité et de fonctionnalité. Normalisation, production en série et rationalisation de l’équipement constituent les termes d’un débat portant sur l’industrialisation de l’habitat. L’un des apports les plus importants dans ce domaine est sans conteste celui du célèbre constructeur Jean Prouvé (1901-1984) qui conçoit des maisons individuelles à partir de matériaux issus de l’industrie, notamment à Nancy et Saint-Dié-des-Vosges.
Les travaux d’Henri Prouvé (frère cadet de Jean), Dominique-Alexandre Louis, Robert Anxionnat, ou encore de Maurice Baier, proposent un cadre de vie unitaire et harmonieux, où l’aménagement intérieur s’impose comme un élément à part entière de la composition architecturale. Les rangements, dissimulés dans les cloisons, contribuent à la fluidité et l’aisance spatiale. Dans certains cas comme dans la maison de Dommartemont, ils participent à la distribution des pièces en assurant le cloisonnement.
Contrastant avec la rigueur et le fonctionnalisme des générations précédentes, quelques architectes contemporains optent pour une liberté formelle exubérante, d’un grand dynamisme. La Maison Go (Thionville) en est l’exemple le plus représentatif. Cependant, ces explorations demeurent peu nombreuses en Lorraine, contrairement aux compositions rigoureuses aux formes géométrisées. Celles-ci occupent une place de choix dans la production des décennies 1990-2000. Ainsi en est-il de la maison métallique construite par Christian Vincent sur les hauteurs de Nancy.
Aujourd’hui, la performance énergétique des constructions est au cœur du processus de conception, orientant le choix des matériaux selon ce critère d’exigence. Tel est le cas du bois, devenu l’un des principaux champs d’expérimentation en matière d’architecture domestique ; il y est largement employé, tant pour ses qualités esthétiques qu’environnementales. Citons ici la maison KF à Merten (57), la maison Dubuis à Chantraine (88), ou encore une maison en bois à Bar-le-Duc (55).
ANDRE Jean-Luc, Demeures contemporaines de Lorraine, Metz : Editions Serge Domini, 2014.
SAINT-PIERRE Raphaëlle et PARENT Claude (préface), Villas 50 en France, Paris : Norma, 2005.
SAINT-PIERRE Raphaëlle, Villas 60-70 en France, Paris : Norma, 2013.
Crédit photo : Lucile Pierron/LHAC/ENSA-Nancy © URCAUE Lorraine