Quand l’architecture accompagne l’essor industriel
L’exemple du bassin houiller mosellan
S’étendant sur une superficie de 490 km², le bassin houiller mosellan présente une grande diversité d’architectures tributaires de l’activité charbonnière. Porteurs d’une histoire forte et complexe, les anciens puits d’extraction, les cités minières et leurs équipements – écoles et églises pour l’essentiel – forgent aujourd’hui l’identité d’un territoire riche et contrasté. Les neuf opérations qui composent cet itinéraire illustrent l’impact de l’industrie sur le territoire français au XXe siècle.
De la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’aux années 1970, l’Est mosellan connaît de profondes mutations économiques et sociales liées à l’expansion de son industrie charbonnière. Émergent alors une architecture et un paysage propres à l’âge industriel. La physionomie des lieux de production, comme à Petite-Rosselle, Faulquemont et Folschviller, témoigne de l’évolution des techniques constructives et des matériaux, tels que la brique, le béton ou l’acier, permettant de construire vite et à moindre coût.
La modernisation des installations minières s’accompagne d’une intense croissance démographique. Forbach voit ainsi sa population doubler entre 1945 et la fin des années 1950, passant de 10 000 à 23 000 habitants. C'est dans ce contexte que les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) engagent l'architecte Émile Aillaud pour réaliser de nouveaux ensembles de logements, tant individuels (Creutzwald, Cité Bellevue) que collectifs (Forbach, Cité du Wiesberg).
À Forbach, pour que le quartier soit autonome, Aillaud se voit également attribuer la commande d’un groupe scolaire et d’une église. La construction de l’église Notre-Dame du Wiesberg, à l’instar des églises voisines du Christ-Roi de Bellevue et Notre-Dame du Rosaire, répond également à la volonté de l’Église d’évangéliser les nouvelles terres ouvrières.
Dès les années 1970, le dynamisme du bassin houiller s’essouffle, victime de la crise économique internationale et de l’augmentation considérable de l’offre pétrolière et charbonnière. Les Houillères du Bassin de Lorraine sont alors contraintes de fermer la majorité de leurs sites industriels.
Départ : Folschviller
Arrivée : Behren-lès-Forbach
Mode de transport : automobile
Distance : 84 kilomètres
Durée : 2 heures 15
Les étapes de cet itinéraire :
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Etape A
Tour-marteau du puits Folschviller 1 (Folschviller - 57)
Rue Alexandre Dreux
L’itinéraire débute par la pointe Sud-Est du bassin houiller et le village de Folschviller qui connaît, sous l'ère industrielle du charbon, une forte expansion démographique liée au développement de ses puits d’extraction. Bien que le carreau de la mine ait été en grande partie rasé, son histoire est encore perceptible à travers l’architecture d’une tour d’extraction particulièrement originale et les formes urbaines des cités minières voisines.
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Etape B
Carreau de mine de Faulquemont (Faulquemont - 57)
Allée de la Mine
Le carreau de mine de Faulquemont, transformé en centre de formation, invite à prendre la mesure d’un site industriel de grande ampleur. L’architecte Léon Joseph Madeline a adapté les contraintes de la production industrielle aux exigences d’un programme mixte, comprenant lieux de production/extraction et bâtiments administratifs. Leurs massifs volumes de briques proches du style du Bauhaus sont ordonnés suivant une composition symétrique.
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Etape C
Cité Bellevue (Creutzwald - 57)
Rue de Joinville
Au sortir de la guerre et face au développement de l'industrie extractive, les Houillères du Bassin de Lorraine engagent un vaste programme de construction de cités minières pour accueillir les travailleurs. Ainsi, l’architecte Émile Aillaud se voit attribuer la conception de cités-jardins, à l’exemple de la Cité Bellevue. Elles définissent le cadre d’un nouveau mode d’urbanisation propice à une vie communautaire et individuelle qualitative.
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Etape D
La Mine Wendel - Musée Les Mineurs Wendel (Petite-Rosselle - 57)
Parc Explor Wendel
Longue de plus d’un siècle, l’histoire du carreau Wendel se lit au travers des techniques constructives de ses bâtiments, de la maçonnerie traditionnelle aux mégastructures en béton armé, en passant par la brique et les charpentes rivetées. Cette sédimentation architecturale se poursuit avec la conversion de l’ancien carreau en musée de la mine ; son évolution intègre aujourd’hui l’ensemble du site dans un projet de développement, défini en 2014.
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Etape E
Eglise Notre-Dame du Rosaire (Forbach - 57)
Allée de la Cité des chalets
Pour cette église construite lors des Trente Glorieuses, l’architecte André Le Donné allie la rusticité de la pierre à la performance des techniques nouvelles de construction en béton. Rare cas d’église sur plan carré, elle est le fruit des recherches menées par l'architecte sur la définition d'un modèle d’architecture religieuse "où s'accordent espace et spiritualité".
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Etape F
Cité du Wiesberg (Forbach - 57)
Avenue de l'Europe
Le quartier du Wiesberg relève d’un travail de conception à petite et grande échelle, destiné à structurer le grand territoire tout en préservant le développement de l’individu. Émile Aillaud applique son concept d’une ville labyrinthique en rupture avec l’orthogonalité habituelle des grands ensembles. Du point de vue constructif, des techniques innovantes comme le coffrage glissant permettent de construire vite, en nombre et à moindre coût.
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Etape G
Eglise Notre-Dame du Wiesberg (Forbach - 57)
Place des Tilleuls
Pour l’église du Wiesberg, Émile Aillaud utilise de nouvelles formes architecturales pour distinguer le lieu de culte par rapport à un bâti environnant reproduisant des typologies architecturales identiques. Il s’appuie en outre sur l’emploi de la brique pour la singulariser. En écho au plan du quartier, la conception labyrinthique de cette église repose sur l’application des principes d’introversion et de repli chers à l’architecte.
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Etape H
Groupe scolaire Louis Houpert (Forbach - 57)
Rue du Wiesberg
Ce groupe scolaire est également l’occasion pour Émile Aillaud d’expérimenter des formes audacieuses permises par l’emploi de techniques constructives issues de l’industrie. Les éléments structurels en béton sont préfabriqués et standardisés. La répétition des motifs géométriques des claustras vitrés animant les façades des corps de bâtiment confère à cet ensemble une identité singulière, ainsi qu’une grande cohérence architecturale.
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Etape I
Bibliothèque municipale (Behren-lès-Forbach - 57)
Rue Saint Blaise
La conception de cette église nomade d’Eugène Voltz et Charles Sommermater répond aux concepts d’architecture religieuse développés lors des Trente Glorieuses ; sa conversion illustre la problématique du devenir des églises désaffectées et de leur adaptation à un usage laïc. Les architectes Benjamin Fedeli et Vincent Toffaloni ont réorganisé l’espace intérieur tout en préservant sa volumétrie et sa charpente métallique, conçue par Jean Prouvé.