Le Corbusier, Pingusson et Expert
Trois maîtres de la modernité actifs dans le nord de la Lorraine
Cet itinéraire propose de découvrir plusieurs édifices construits au cours des années 1950 et 1960 dans le nord de la Lorraine par trois figures majeures de la modernité architecturale : Le Corbusier (1887-1965), Georges-Henri Pingusson (1894-1978) et Roger-Henri Expert (1882-1955). De l’agglomération messine au Pays-Haut, le parcours se concentre sur leurs constructions emblématiques, mais aussi sur certaines de leurs œuvres moins connues du grand public.
D’origine suisse puis naturalisé français, Charles-Edouard Jeanneret-Gris, devenu célèbre sous le pseudonyme de Le Corbusier, est l’auteur d’architectures mondialement connues, telles la villa Savoye à Poissy (1931), la cité Radieuse de Marseille (1952) ou encore la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp (1955).
L’architecte Georges-Henri Pingusson bénéficie quant à lui d’une véritable reconnaissance depuis la réalisation de l’hôtel Latitude 43 de Saint-Tropez (1932), qui ne sera que renforcée avec celle du Mémorial des martyrs de la déportation à Paris (1962).
Roger-Henri Expert est nommé en 1921 Architecte des bâtiments civils et palais nationaux. Il est à ce titre responsable des bâtiments de la Manufacture des Gobelins et du Musée du Louvre. Il est ensuite architecte en chef de l’Observatoire et du Panthéon.
La production lorraine de ces trois constructeurs traduit des préoccupations nationales voire internationales tout en s’adaptant au contexte local. Leurs réalisations illustrent ainsi les principales théories du Mouvement moderne, par un travail sur la géométrie et la rationalisation de la construction. Si l’emploi du béton armé est prédominant dans le travail de Le Corbusier et de Georges-Henri Pingusson, Jean Prouvé offre à sa région ses réalisations en métal les plus innovantes.
Nota : Découvrez également quatre réalisations de l’architecte Emile Aillaud (1902-1988), étapes de l’itinéraire « Quand l’architecture accompagne l’essor industriel ». À la Libération et jusqu’en 1950, il est l’architecte-urbaniste des Houillères de Lorraine. Il construit des bâtiments industriels et des cités de logements patronaux, notamment la cité Bellevue à Creutzwald (1945-1947). Le logement social devient sa préoccupation majeure et il réalise à partir des années 1960 plusieurs cités et grands ensembles très originaux, de nombreux groupes scolaires, ainsi qu’une église à Forbach. L’originalité de ses réalisations lui vaut une reconnaissance certaine.
Départ : Metz
Arrivée : Boust
Mode de transport : automobile
Distance : 97 kilomètres
Durée : 2 heures 50
Les étapes de cet itinéraire :
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Etape A
Centre d'Intervention et de Secours des Sapeurs-pompiers (Metz - 57)
2, rue Henri de Ranconval
Architecte en chef de la seconde Reconstruction en Moselle à partir de 1946, Georges-Henri Pingusson travaille alors face à la porte des Allemands, dans des bureaux de la caserne militaire Féraudy. Cette dernière est cependant démolie pour laisser place à une nouvelle caserne de pompiers. Dessiné par Pingusson lui-même, le Centre de secours incendie dont l’emblématique tour de séchage dévoile une cage d’escalier totalement ouverte est inauguré en 1965.
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Etape B
Eglise Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus (Metz - 57)
Place Philippe de Vigneulles
Bien qu’elle soit établie sur un plan basilical traditionnel, cette église dessinée par Roger-Henri Expert, dont la construction s’échelonne de 1938 à 1954, n’en est pas moins novatrice dans la conception de sa structure porteuse, en carène inversée. La couverture est ainsi soutenue par huit arcs de forme ogivale réalisés en béton armé, laissé brut de décoffrage. Les claustras vitraux sont signés par le peintre lorrain Nicolas Untersteller.
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Etape C
Eglise de la Nativité-de-la-Vierge (Fleury - 57)
Rue de l’Eglise
En Moselle, Georges-Henri Pingusson réalise quatre églises qui marquent l’aboutissement de sa réflexion sur l’architecture religieuse, entamée dans les années 1930. L’église de la Nativité-de-la-Vierge de Fleury est reconstruite entre 1961 et 1963 sur les fondations de l’ancien lieu de culte. Sa nef est éclairée par une lumière naturelle indirecte qui vient magnifier l’épiderme des murs par une subtile lumière rasante.
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Etape D
Eglise Saint-Martin-l’Evêque (Corny-sur-Moselle - 57)
Rue Saint-Martin
Le travail sur la lumière est spécifique à chacune des quatre églises mosellanes de Pingusson. Antérieure à celle de Fleury, l’église de Corny-sur-Moselle est construite entre 1957 et 1960. Elle adopte un plan carré. En son centre s’élève une coupole dont le tambour ajouré permet à la lumière de pénétrer au cœur même de la construction. Entourant l’espace où se réunissent les fidèles, les bas-côtés s’offrent à la déambulation et à la méditation.
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Etape E
Ancien aéroclub (Doncourt-lès-Conflans - 54)
2, rue de l'aérodrome
Cet édifice est construit entre 1951 et 1954 par Le Corbusier, associé à l’architecte Jacques Ogé, à Jean Prouvé et à l’artiste Fernand Léger dont le travail n’aboutira toutefois pas. Bien que de taille modeste, cette réalisation illustre la pensée de ses créateurs, trouvant notamment ses dimensions dans les règles de proportions imaginées par Le Corbusier, comme en témoigne sa référence à ce projet dans son ouvrage Modulor II, paru en 1955.
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Etape F
Cité Radieuse (Briey - 54)
1, avenue du docteur Giry
La Lorraine compte dans son patrimoine architectural l’une des cinq Cités Radieuses réalisées par Le Corbusier entre 1945 et 1967. Egalement implantées à Marseille, Rezé, Firminy et Berlin, elles traduisent le concept de ville verticale, cher à l’architecte. Si chacune des cinq unités d’habitation reprend des principes similaires, celle de Briey se caractérise par son implantation sur un promontoire boisé qui la rend visible de très loin.
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Etape G
Groupe scolaire (Briey - 54)
Rue de la Liberté
Après avoir invité Le Corbusier à construire une Cité Radieuse à Briey, à la demande du maire Philippe Serre, Georges-Henri Pingusson réalise un groupe scolaire, édifié entre 1959 et 1963. Inscrit dans le sens de la pente, à la recherche d’un éclairage naturel optimal, il témoigne d’une conception tirant avantage des trames régulières issues des techniques de coffrage et de préfabrication.
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Etape H
Eglise Saint-Maximin (Boust - 57)
Impasse du Mollberg
Ce parcours architectural sur les traces des grandes figures de la modernité se doit de s’achever par la découverte d’une œuvre majeure. L’église Saint-Maximin de Boust, construite entre 1960 et 1966 par Georges-Henri Pingusson, apparaît comme l’un des meilleurs exemples d’église sur plan circulaire du XXe siècle en France. Bénéficiant d’une implantation remarquable en bordure du village, elle offre des espaces intérieurs et extérieurs d’une grande qualité architecturale, propices à la prière et à l’élévation spirituelle.