L'église néo-gothique du village de Fleury, datée du XIXème siècle, fut détruite en quasi totalité au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le projet de construction d'un nouveau lieu de culte est confié à l'architecte parisien Georges-Henri Pingusson, nommé architecte en chef de la Reconstruction de la Moselle en 1947. C'est à ce titre qu'il s'investit dans la reconstruction de quatre églises mosellanes, dont celle de Fleury. Elle présente la particularité d'être conçue en harmonie avec le cadre bâti alentour, essentiellement composé d'une architecture rurale vernaculaire. Cette intention de projet figure dès les premières esquisses, datées de 1956. Associé pour cette reconstruction à l'architecte messin Robert Riniéri, G.-H. Pingusson affine son projet jusqu'en 1961, année de pose de la première pierre. Lors de cette cérémonie, la communauté religieuse du village se rassemble autour de Monseigneur Schmitt, alors Evêque de Metz, et de l'abbé Bach, curé de la paroisse. Les travaux s'échelonnent jusqu'en 1963.
Inscrite au titre des Monuments historiques depuis 2006, l'église de la Nativité-de-la-Vierge est la seconde église mosellane conçue par G.-H. Pingusson à avoir fait l'objet d'une protection patrimoniale.
L'église de la Nativité-de-la-Vierge est érigée à l'emplacement du précédent édifice, au coeur du village. Son volume massif tout de moellons vêtus ferme la perspective de la rue Gérard Mansion. Bénéficiant d'une position dominante grâce à la topographie du site, il impose son austère présence au visiteur. Pour ce projet, G.-H. Pingusson opte pour des dispositifs architecturaux traditionnels et conserve les proportions d'une église de campagne. Couvert de toitures à deux pans de faible pente, l'édifice se développe à partir d'un plan rectangulaire orienté selon un axe Est/Ouest. Le décalage des hauteurs d'égout des toitures rappelle le gabarit caractéristique du bâti d'un village-rue. Implanté à l'angle nord du volume, le clocher, de base ovoïde et percé d'ouvertures triangulaires, marque l'entrée latérale de l'église. L'accès au lieu de culte se fait par un jardin planté de tilleuls dont la vocation est de faire la transition entre le monde matériel et le Sacré.
Le nombre restreint d'ouvertures en façades et l'omniprésence de la pierre de Jaumont confèrent au bâtiment un caractère quasi-monolithique tempéré, à l'intérieur, par un traitement subtil et singulier de la lumière naturelle. La nef, soutenue par des piliers implantés dans la crypte, est détachée des murs gouttereaux ; elle semble ainsi être en lévitation. L'effet est renforcé par l'éclairage indirect en provenance des bas-côtés, situés en contrebas, et par la présence d'un plafond suspendu également décollé des murs. Le cheminement lumineux conduit vers l'autel et le chœur, généreusement éclairés de part et d'autre par de grands bandeaux verticaux en pavés de verre, ménagés dans un étroit volume rapporté contre celui de l'église et constituant son chevet. Dans cette réalisation, l'emploi du béton armé est réservé à un rôle structurel.
BOLLE G., "L'église de la Nativité de la Vierge à Fleury […] Un espace cultuel pendant la reconstruction en Moselle ; quel patrimoine ?", Ecole d'architecture de Strasbourg, 2004 (mémoire de 3e cycle, sous la dir. de Daniel Pauly).
PINGUSSON Georges-Henri, « Construire une église », L'Art sacré, novembre 1938, n° 35, p. 315-318.
TEXIER Simon, « Georges-Henri Pingusson. Quatre églises en Lorraine », Le Moniteur architecture, n°154, octobre 2006, p. 137-140.
TEXIER Simon, Georges-Henri Pingusson, coll. « Carnets d'architectes », Paris, 2011.
http://archiwebture.citechaillot.fr/fonds/FRAPN02_PINGU/inventaire/objet-10985
Pour l'église de la Nativité-de-la-Vierge de Fleury, l'architecte Georges-Henri Pingusson emploie des dispositifs simples et traditionnels qu'il magnifie par une maîtrise subtile de la lumière naturelle. L'ingéniosité qu'il déploie pour créer l'illusion d'une nef et d'un choeur en lévitation est d'autant plus appréciable qu'elle s'applique à une construction de village, édifiée avec des moyens modestes.
Inscrit au titre des Monuments historiques
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Paroisse de Fleury
- Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU)
- Commune de Fleury
- Georges-Henri PINGUSSON Architecte
- Robert RINIERI Architecte d'opération
- Serge KETOFF Ingénieur/structure de l'église
- Jean OLIN (Maître verrier)
- Lallement-Piguet (Entreprise)
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