La singulière église prend place au cœur du quartier Sainte-Thérèse. Etabli à l'emplacement d'un bourg médiéval et de l'abbaye Saint-Arnoul, détruits pour défendre Metz lors du siège de la ville par Charles Quint en 1552, le quartier s'est urbanisé au cours de l'Annexion allemande (1871-1918) suite au déclassement des fortifications en 1891 et à leur démolition en 1905 ; des équipements voient le jour à l'exemple de l'Hôpital de Bon-Secours et l'Ecole supérieure de jeunes filles. Désireux de constituer une nouvelle paroisse, l'Évêché de Metz acquiert une parcelle de terrain en 1929 et y fit construire une chapelle l'année suivante, dans un premier temps. Majoritairement financée par les habitants, l'édification de l'église Sainte-Thérèse fait l'objet d'un concours d'architecture, lancé en 1932. Initialement retenu, le projet de l'architecte messin E. Besch est abandonné car son style néo-byzantin est jugé trop historiciste par la Commission Artistique de la ville de Metz. En avril 1935, Roger-Henri-Expert entre en lice. Son projet, très novateur pour l'époque, est approuvé en octobre 1935. Ouvert en 1938, le chantier est interrompu par la guerre, laissant les ouvrages de structure exposés aux intempéries. Les travaux reprennent en 1950 et s'achèvent quatre ans plus tard. Ancien élève d'Expert, l'architecte André Remondet prend sa relève en 1955 et conçoit la flèche, le parvis et les deux portails latéraux (datés de 1963). Dès les années 1970, le béton armé composant les parois extérieures de l'église se dégrade et requiert des travaux de remise en état. L'une des causes relève d'un manque d'enrobage de son ferraillage. Le classement de l'édifice au titre des Monuments historiques en 1998 permet d'engager une campagne de restauration.
Depuis 2013, l'îlot Bon-Secours situé face à l'église fait l’objet d'un projet de requalification urbaine. Il prévoit, entre autres, l’aménagement d’une diagonale piétonne reliant la place de Maud’Huy à la place Philippe de Vigneulles, ouvrant une perspective sur sa silhouette emblématique. Le lieu de culte bénéficiera également de la création d'un parvis.
L'église Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus se développe selon le plan basilical traditionnel. Précédé d'un narthex couvert d'une tribune d'orgue, le volume élancé du vaisseau central de la nef aboutit à l'abside où s'installent le chœur et le déambulatoire. Celui-ci est flanqué de trois absidioles dédiées à des chapelles dont celle de semaine. La nef est bordée de bas-côtés latéraux, également amortis par une chapelle logée dans une abside. Dépourvues d'ouvertures, les cinq chapelles composant le chevet de l'église ont la particularité d'être voûtées en cul de four ; leur austérité de traitement, associée à un éclairage indirect mesuré, met en valeur la simplicité et la rondeur formelle de leur volume intérieur, ainsi que la texture, les nuances de leur parement au mortier de ciment. Majoritairement réalisée en béton armé, l'originalité de l'église s'exprime par son système constructif, particulièrement innovant pour l'époque : les 78 mètres que compte la nef sont découpés en 8 travées porteuses composées d'arcs de forme ogivale culminant à 30 mètres de hauteur. Chacun d'eux assemble deux piles de section croissante, inclinées à 9°. Leur corps de béton armé laissé à nu est simplement bouchardé. Les vitraux-claustras de Nicolas Untersteller (1900-1967), illustrant notamment la vie de Sainte-Thérèse, s'insèrent dans la résille de nervures entrecroisées composant les fenêtres hautes de la nef. L'œuvre du maître-verrier, dont la préservation nécessite actuellement des travaux de remise en état, représente une surface totale de 1062 m2. Quant au "bâton de pellerin", la flèche de 70 mètres implantée à proximité immédiate du porche d'entrée de l'église en 1963, la finesse de sa section offre une contrepartie au volume massif de l'édifice et facilite son ancrage au sein de la place.
Le mobilier liturgique est sculpté au cours des années 1980 et Sainte Thérèse voit son effigie forgée par l'artiste Sandor Kiss.
TRIBOUT de MOREMBERT Henri, Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus à Metz, histoire d'une paroisse et d'une église, 1925-1980, Metz, 1980.
HEBER-SUFFRIN Anne-Marie, Église Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus, Metz, 1929-2010, Colin frères, Metz 2012.
MASSEL Christiane, MAURER Pierre, PIGNON-FELLER Christiane, Metz 1919-1939/Au temps de l'Art Déco - Urbanisme & architecture, Serge Domini Editeur, 2016, p. 132 à 139.
Echelonnée entre 1938 et 1954, la construction de l'église Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus est l'œuvre de l'architecte Roger-Henri Expert, second grand prix de Rome en 1913. Etabli sur la base d'une typologie traditionnelle, l'édifice innove par ses formes architecturales audacieuses, permises par l'emploi du béton armé. Il préfigure également le mouvement de renouveau liturgique dont les principes sont entérinés avec le Concile Vatican II (1962-1965). Repérable au vert-de-gris de ses couvertures de cuivre, "Notre Dame du béton", comme la surnomment les messins, est aussi l'un des rares exemples d'église en béton armé dont la conception est contemporaine de l'entre-deux guerres.
Classé au titre des Monuments historiquesEntre-Deux-Guerres (1918-1939)
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Conseil de Fabrique de la paroisse Sainte-Thérèse
- Roger-Henri EXPERT Architecte
- André REMONDET Architecte/flèche, portails et parvis
- Théophile DEDUN Architecte d'opération
- PELNARD, CONSIDERE et CAQUOT (Bureau d'études)
- SCHNITZLER Frères (Entreprise de gros-œuvre intervenue avant-guerre)
- Entreprise PLASSAT (Confection des armatures)
- CLAUSSE - LALLEMENT - PIGUET (Entreprise de gros-œuvre intervenue après-guerre)
- CHANZY-PARDOUX (Construction de la flèche, des portails et du parvis)
- Nicolas UNTERSTELLER (Peintre et maître verrier)
- G. BARTHELEMY (Création de mobilier liturgique)
- Maurice GOULLET (Création de mobilier liturgique)
- Claude MICHEL (Création de mobilier liturgique)
- Charles BARBERIS (Sculpture de la statue de Sainte Thérèse)
- Sandor KISS (Création d'une effigie en fer forgé de Sainte Thérèse)