Lors de sa création en 1946, Bergère de France limite son activité au négoce de la laine. Son fondateur, Robert Petit, fait appel en 1962 à l’architecte Jean Fayeton pour la construction de la filature de Bar-le-Duc spécialisée dans la production de pelotes. Le bâtiment comprend alors deux sections : la filature incluant un département de teinture, et les services comprenant le conditionnement, l’expédition, la facturation et la direction générale.
Dès 1971, le réseau des boutiques Bergère de France s’étend à l’international en créant des filiales en Belgique, aux Pays-Bas et au Canada. L’entreprise se diversifie en 1990 en distribuant ses produits à des merceries indépendantes. En 2005, Bergère de France se lance sur le marché anglais, puis se tourne vers d’autres clients européens et nord-américains.
Tout au long de ces décennies, l’entreprise a dû s’adapter aux demandes et aux modes de vie de la clientèle, le tricot passant d’une nécessité pour se vêtir à une activité de loisir. Mais elle n'échappe pas aux difficultés économiques. En 2015, après plusieurs mois de redressement judiciaire, la filature meusienne voit son plan de continuation validé par le tribunal de commerce de Bar-le-Duc et préserve ainsi ses 230 emplois.
Implantés entre le canal et la voie ferrée, les bâtiments de 1962 sont visibles dans leur intégralité malgré les extensions successives. La conciergerie originelle marque l’entrée du site. Face à elle, la linéarité du bâtiment des bureaux vient souligner par contraste la série de sheds en dents de scie de l’usine. Ainsi, deux architectures formellement différentes se rencontrent, tout en étant unies par une même trame structurelle.
Contraint par les délais de construction, l’architecte privilégia l'emploi d'une ossature métallique et d'éléments préfabriqués. La structure des ateliers se divisent en trois larges travées de 27 et 20 mètres. Les sheds sont portés par des poutres treillis dont les croisillons ne sont visibles qu’à travers le double vitrage. Leurs plans inclinés sont constitués de deux dalles en céramique armée qui dissimulent les éléments secondaires de la charpente. Les murs extérieurs sont composés d’un voile de béton armé doublé par un mur en maçonnerie enduit. Sur les façades latérales, des plans verticaux pivotent pour offrir un éclairage naturel complémentaire.
Le bâtiment des services et de l’administration, de plain-pied, est relié à l’usine par une travée contenant les vestiaires et les locaux sanitaires. La structure métallique est cette fois clairement exprimée : les poteaux venant soutenir l’avancée de toiture rythment la façade parée de céramique. Des lanterneaux en partie centrale, ainsi qu’un patio adjacent au hall de réception permettent d’éclairer le large bâtiment.
Techniques & Architecture, n°5, juillet 1965.
Les années 1960 sont marquées par le développement de structures innovantes en acier qui se généralisent rapidement dans le milieu industriel pour leur grande portée et leur mise en œuvre rapide. Jean Fayeton a formé un tout harmonieux en conjuguant, pour les bureaux et ateliers barrois de la filature Bergère de France, des systèmes structurels métalliques à la fonctionnalité et à l’esthétique très variée.
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Bergère de France (Fabricant de laine à tricoter)
- Jean-Louis FAYETON Architecte