La mine de Saint-Pierremont ouvre en 1909 à proximité du village de Mancieulles. La commune s’étend rapidement, passant de 125 habitants en 1904, à plus de 2 200 en 1914. Ce développement entraîne la construction de cités ouvrières principalement érigées de 1908 à 1914, puis durant l’Entre-deux-guerres, afin de stabiliser la main d’œuvre. Elles sont l'oeuvre des architectes Joseph Hornecker et Joseph-Eugène Duquesnes. Des centaines de maisons jumelées, des pavillons pour célibataires, une mairie (1910), une gare, des écoles, un stade, une coopérative, une poste, un dispensaire, une salle des fêtes (1929) façonnent en quelques décennies le nouveau visage de Mancieulles dite « la Coquette ».
La mine subit des licenciements économiques dès 1950. Malgré la modernisation d’un des chevalements en 1962, elle cesse son activité en 1978. Peu de temps s’écoule avant le ferraillage des chevalements et le démantèlement des infrastructures, des centrales électriques et des puits. Seuls subsistent la menuiserie, le magasin, la forge et les bureaux.
La Communauté de Communes du Pays de Briey et la commune de Mancieulles se lancent en 1995 dans un vaste projet de valorisation de son patrimoine minier à l’aide d’un parcours thématique et d'une succession de réhabilitations de bâtiments phares. La menuiserie est reconvertie en centre équestre (1995) et « Fabrique Artistique » (2009, par l'agence d'architecture Mijolla et Monjardet). Des serres ouvertes au public et un gîte occupant les anciens bureaux (2013) encadrent désormais l’entrée du carreau de mine.
Le vieux village et les cités se sont développés séparément, scindés par la voie ferrée aujourd’hui démantelée. La mairie et la gare jouaient le rôle de connexion. Symboliquement implantée à l’entrée de la commune, l’imposante salle des fêtes de style Art déco, entourée d’un parc, annonce le caractère verdoyant du quartier ouvrier dont l’architecture s’inspire de la cité-jardin à l’anglaise.
Au total, 600 logements se répartissent selon un plan en damier. Les maisons sont principalement de deux types réunissant quatre logements de deux pièces ou deux logements de cinq pièces. La hiérarchie sociale s'exprimait dans le plan de la ville : maisons de maître pour les cadres et logements des employés ont été construits à l’ouest des cités ouvrières.
Afin de créer une coupure nette entre lieux de travail et habitat, les cités ont été implantées en contrebas du carreau. Pour s’y rendre, les mineurs empruntaient un long chemin à travers champs. Points de vue et alignements d’arbres participaient à la mise en scène de l’activité minière.
La requalification du carreau de mine a été un processus long, marqué par plusieurs phases et degrés de réhabilitation en fonction des besoins et des budgets. Par exemple, un même bâtiment comme l’ancienne menuiserie a été en partie reconverti en centre équestre, demandant peu de moyens, et en théâtre, sollicitant davantage d’adaptations. Les transformations concernent principalement les espaces intérieurs. Seuls les bureaux, devenus gîtes, ont nécessité une extension à l'arrière.
CORTESI Olivier, Chroniques mancieulloises, Editions Cœur d’Occident.
Les Cahiers lorrains, 2014, N°3-4, SHAL.
Le développement de la commune de Mancieulles est étroitement lié à celui de son activité minière au cours du XXe siècle. La configuration de la ville est née d’une adaptation au relief et de la volonté patronale de marquer symboliquement le territoire. Son urbanisme et ses composantes architecturales facilement lisibles font de Mancieulles un cas d’école parmi les cités minières lorraines. Logements ouvriers, maisons de maîtres, théâtre et carreau de mine sont autant de témoignages du passé industriel local.
Edifice antérieur à 1918, remanié
Dernier quart du XXe siècle (1975-2000)
- Joseph HORNECKER Architecte
- Joseph-Eugène DUQUESNES Architecte
- Mijolla-Monjardet Architecture Agence d'architecture chargée de la reconversion
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