Issu d’une lignée de maître des forges, le baron Henri-Joseph d’Huart fait édifier en 1847 un premier haut-fourneau sur ce site de la vallée de Longwy. L’usine sidérurgique prend de l’ampleur en s’associant en 1883 avec la Société des Hauts-Fourneaux de Maubeuge, puis avec l'usine de Monthermé-Laval Dieu en 1914. L’architecte Pierre Le Bourgeois, en collaboration avec Jean Zimmerman, construit les Grands Bureaux de Senelle en 1929. La société sidérurgique Lorraine-Escaut intègre le site lors de sa fondation en 1953, puis elle est elle-même absorbée par Usinor en 1966. La mise à l’arrêt des six hauts-fourneaux se fait progressivement de 1963 à 1987, année de fermeture de l’usine.
En 1995, le permis de démolir les Grands Bureaux de Senelle provoque la mobilisation des associations de défense du patrimoine. Plusieurs hypothèses de réutilisation sont émises, dont le projet d’y installer le siège de la Communauté de Communes de l’Agglomération de Longwy (CCAL), resté sans suite.
Reconquérir 140 ha de friches représente un défi de taille. En 2004, la CCAL lance le projet de requalification du site sidérurgique en terrain de golf. Projet controversé, car faisant table-rase du passé industriel local, il attire néanmoins l’intérêt de la SARL Project Investment qui y voit l’opportunité de reconvertir les anciens bureaux de Senelle en logements de standing. L’architecte Yves Noury en conçoit les 31 appartements, livrés en 2008.
Les Grands Bureaux de Senelle sont implantés en fond de vallée, avec à leurs pieds les terrains de golf et la cuve échouée d’un ancien haut-fourneau.
De style Art déco, le bâtiment offre deux façades fort différentes. L’élévation sur rue présente des proportions harmonieuses sur trois niveaux, régies selon une symétrie centrale. Un avant-corps, à l’effigie de la Société Métallurgique de Senelle-Maubeuge, marque l’entrée. L’alternance de travées à une ou trois fenêtres crée un rythme élégant. Couronnée par une corniche, la façade d'origine est conservée et surmontée d’une discrète surélévation en zinc, placée en retrait.
A l’arrière, on découvre que le bâtiment est bien plus haut, avec pas moins de sept niveaux. Les deux niveaux du socle en pierre de Jaumont étonnent par leur teinte jaune contrastant avec la blancheur des niveaux supérieurs. La composition de ces derniers rappelle la façade principale, mais son ouverture et sa simplicité lui donnent un attrait plus moderne. Trois balcons massifs en pierre et trois bandeaux de fenêtres soulignent les derniers étages. La surélévation, ici plus visible, se cale sur leur géométrie tripartite.
Cette réhabilitation est particulièrement sobre. La seule extension est celle des garages aux allures de quai de déchargement, sur la façade ouest. A l'intérieur, les escaliers principaux et le dallage en marbre ont pu être conservés mais l'aménagement des logements a nécessité de rediviser l'espace.
Rescapés des destructions massives que connaît le patrimoine industriel, les bâtiments de bureaux sont souvent les derniers témoins des anciens sites sidérurgiques et miniers. Leur configuration et leur échelle sont en effet plus facilement adaptables à des projets de logements, de salles communales ou encore de musées. Les Grands Bureaux de Senelle en sont une bonne illustration. Ils sont remarquables pour leur architecture d'inspiration Art déco, signée de l'architecte Pierre Le Bourgeois.
Edifice antérieur à 1918, remanié
XXIe siècle (2000-...)
- SARL Project Investment
- Pierre LE BOURGEOIS Architecte
- Yves NOURY Architecte de la reconversion
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