Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le quartier des «3B» (Beauregard/Boufflers/Buthégnémont) est en pleine mutation : de nouveaux logements apparaissent et prennent place sur d'anciens terrains agricoles. En 1956, un concours national est lancé par l’Evêché de Nancy-Toul pour la construction d’une nouvelle église dont le programme est entièrement rédigé par l’Abbé André Lamy. Pour lui, l'orientation, la composition et la lumière doivent participer à donner l'effet d'une composition centripète autour du maître-autel. Par son caractère normatif, le programme de Sainte-Anne fait d’ailleurs office d’exemple pour les rédacteurs de la revue bimensuelle L’Art Sacré qui lui consacrent un article publié en mai-juin 1957. Parmi les projets présentés au concours, celui de Pierre Prunet, Architecte en Chef des Monuments Historiques, obtient le premier prix du jury.
L'église se développe sur deux niveaux : les salles de catéchisme au rez-de-chaussée ; l'espace lithurgique, la sacristie, la chapelle de semaine et le baptistère au premier étage. Les façades sont réalisées à partir de panneaux en aluminium, dont la répétition des trames est interrompue à l'angle nord-est par une large verrière conçue par l’artiste lorrain Camille Hilaire.
La structure du bâtiment est réalisée à partir d’une ossature en béton armé. La toiture de l’église se compose d'un réseau de poutres entrecroisées supportant la charpente secondaire en métal.
Au niveau du dessin, l’architecte conçoit le plan de cette église à partir d’un carré, dont la diagonale marque l’axe de symétrie de la composition. Pourtant, il parvient à donner à sa composition une perception circulaire. Pour réussir ce pari, il établit une cloison courbe entre la chapelle du Saint-Sacrement et l’autel, concentrant ainsi l’attention vers l’espace de la célébration, qui est lui-même surélevé par un socle circulaire. Face au chœur vient également s’inscrire une tribune semi-circulaire qui occupe l’angle sud du carré. Par ces différents dispositifs, Pierre Prunet génère ainsi une perception qui modifie la structure de base et la compréhension du plan dessiné.
" L'église, son programme et son parti ", L’Art Sacré, n° 7-8,mai-juin, 1957.
TRONQUART Martine, « L’église Sainte-Anne de Nancy », Le point riche, n°13, bulletin de l’association " Les amis de Louis Mazetier et de l’art sacré du XXème siècle ", sous la direction de Solange Vernois, 2015, pp.31-38.
PIERRON Lucile, « À la recherche d’un plan : nouvelles compositions architecturales à l’heure de Vatican II », fabricA, travaux d’histoire culturelle et sociale de l’architecture et de ses territoires / LéaV, Énsa - Versailles, n° 7, 2013, pp.10-36.
« L’église Sainte-Anne. L'église, son programme, son parti. », extrait de la brochure accompagnant l'exposition 1945-1975 en Meurthe-et-Moselle : Églises en quête de modernité, Service d'architecture et du patrimoine de Meurthe-et-Moselle/Archives modernes d'architecture lorraine, 2012.
Construite par l'architecte Pierre Prunet entre 1956 et 1960, l'église Sainte-Anne de Nancy est conçue à partir d'un carré, dont la diagonale marque l'axe de symétrie de la composition. Pourtant, par de multiples dispositifs, l'architecte parvient à donner à sa composition une perception circulaire, favorisant la participation active des fidèles à l'action liturgique.
Label Patrimoine du XXème siècleReconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Pierre PRUNET Architecte
- Camille HILAIRE (Artiste peintre)
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