Quelle place pour la modernité dans la ville ?
L’exemple du centre ancien de Nancy
Cet itinéraire piéton au centre de Nancy montre comment la modernité architecturale a trouvé sa place dans la ville depuis 1945, en deux courants d’intervention successifs, aux démarches radicalement opposées.
Durant les Trente Glorieuses, partout en France, de nombreux quartiers de centres anciens sont alors insalubres. Portés par l’idée d’une société nouvelle, les décideurs autant que les architectes s’orientent vers une politique de table-rase où une partie de l’habitat ancien est sacrifiée pour ériger de nouveaux types architecturaux d’une échelle jamais vue jusqu’alors. C’est ainsi que sont planifiés à Nancy au cours des années 1950-1970 un secteur d’affaires autour de la gare (dont seule la tour Thiers sera construite), puis un centre commercial et des tours de logements autour de l’église Saint-Sébastien.
Cependant, le ralentissement économique lié aux chocs pétroliers, les inconvénients inhérents à l’architecture moderne, la montée des enjeux patrimoniaux et le développement d’une nouvelle pensée architecturale convergent vers l’émergence d’un autre rapport à la ville ancienne. Les « Secteurs sauvegardés » sont créés pour préserver les centres anciens et les abords des monuments historiques font l’objet d’une attention toujours plus grande. Il en résulte des opérations qui s’adaptent à leur contexte, parfois au travers des démarches subtiles mettant au jour le passé lointain des sites concernés. Un tel respect peut exiger une mise en retrait, comme l’extension du Musée des beaux-arts, implantée au fond de sa parcelle, à l’écart de la Place Stanislas, ou au contraire une affirmation, comme l’extension de la Faculté de droit se dressant dans la rue de la Ravinelle, à l’image des remparts disparus qu’elle évoque.
Départ : Tour Thiers (Nancy)
Arrivée : Extension de la Faculté de Droit (Nancy)
Mode de transport : pédestre
Distance : 3,4 kilomètres
Durée : 1 heure
Les étapes de cet itinéraire :
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Etape A
Tour Thiers - Ancien hôtel Plazza-Thiers (Nancy - 54)
4-6, rue Piroux
Due à l'architecte Michel Folliasson, la tour Thiers est la seule réalisation d’un ambitieux quartier de bureaux et d’hôtels imaginé vers 1970 au voisinage de la gare. Deuxième plus haut bâtiment du territoire nancéen après la tour panoramique de Maxéville, elle est visible depuis la place Stanislas et se dresse à quelques dizaines de mètres de la célèbre brasserie Excelsior, alors menacée de destruction. Deux motifs suffisants pour déclencher les protestations et stopper la suite des travaux ; la brasserie sera classée Monument Historique en 1976.
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Etape B
Tour Joffre Saint-Thiébaut (Nancy - 54)
13, boulevard Joffre
Construite avant ses voisines, la tour dite « Joffre Saint-Thiébaut » incarnait au début des années 1960 l’ambition et la modernité de la ville de Nancy. Ses logements offrent tout le confort aux habitants qui pouvaient descendre dans son soubassement pour profiter du supermarché ou du bowling. Cependant, son implantation à proximité de la synagogue montre les limites d’une politique urbaine où l’on remplace des îlots insalubres par des édifices hors d’échelle, tout en préservant quelques monuments anciens.
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Etape C
Centre commercial et tours Saint-Sébastien (Nancy - 54)
3, rue Grand Rabbin Haguenauer
Placé en vis-à-vis de la tour précédente, l’ensemble Saint-Sébastien en reproduit les mêmes caractéristiques dix ans plus tard. Son socle épais voisine avec l’église Saint-Sébastien et reçoit des tours de logements offrant les meilleures vues possibles sur Nancy. Le béton est ici préféré au métal, ce qui tend à clore davantage les façades des premiers niveaux immédiatement en contact avec le tissu urbain ancien.
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Etape D
Immeuble de logements dit "des Tiercelins" (Nancy - 54)
25, rue des Fabriques
Tout en affirmant son esthétique moderne, cet immeuble s’insère avec finesse dans son contexte urbain dense composé d’immeubles aux façades de pierre et de brique. Il respecte l’échelle du quartier et se fragmente pour offrir une diversité satisfaisante à l’œil. La forme de sa parcelle en sifflet donne l’occasion aux architectes de l’Atelier Baudouin de rappeler les remparts disparus par un mur droit sur lequel vient s’appuyer l’angle arrondi de l’extrémité sud du bâtiment.
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Etape E
Extension du musée des beaux-arts de Nancy (Nancy - 54)
3, place Stanislas
En 1999, une décennie environ après la construction de l’immeuble des Tiercelins, les mêmes architectes sont confrontés à un emplacement bien plus sensible : le voisinage de la Place Stanislas. Le doublement de la surface du musée s’opère par la création d’un bâtiment en L se positionnant le plus loin possible de la place. Ses façades en verre et en pierre forment un fond neutre sur lequel se détachent, depuis la place, les arbres et l’une des fontaines du XVIIIe siècle. Rue Gustave Simon, le souvenir de l’ancien Cercle des étudiants est entretenu par une nouvelle élévation qui en reprend des éléments de pierre et de brique.
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Etape F
Réhabilitation de l'îlot Carmes-Gambetta (Nancy - 54)
12, rue des Carmes
Cette intervention patrimoniale de l’agence François & Henrion ne porte pas sur un bâtiment mais sur un îlot complet. Sollicités par la ville et un bailleur social, les architectes conservent et restaurent la plupart des façades anciennes et en ajoutent de nouvelles dans les vides. Refusant tout pastiche, ils affirment la modernité de leur vocabulaire dont les réminiscences classiques sont mises en œuvre en béton blanc préfabriqué.
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Etape G
Faculté de droit, aile K (Nancy - 54)
4, rue de la Ravinelle
Les mêmes architectes, qui venaient d’achever l’îlot Carmes-Gambetta, donnent à cette importante extension universitaire toute la monumentalité que sa fonction exige. L’implantation de la façade sur rue et sa composition d’aspect monolithique rappellent aussi l’histoire de la rue de la Ravinelle : proche des fortifications de la Ville-Vieille, son tracé fut brutalement dévié lors de la construction de l’université au XIXe siècle. L’espace dégagé en cœur d’îlot offre air et lumière aux usagers.