L’hôtel de ville de Forbach, presque entièrement détruit durant la Seconde Guerre mondiale, est rasé en 1947. La municipalité s’installe alors dans l’ancienne banque de la ville, préférant construire des écoles et des logements avant de se doter de nouveaux locaux administratifs. Après une vingtaine d’années, le conseil municipal décide de construire un nouvel hôtel de ville en décembre 1968. Le projet de Roland Flageul, architecte de Sarreguemines, est retenu en 1970 et le permis de construire est délivré en janvier 1971. La pose de la première pierre a lieu au mois de juin de la même année. Avant l’achèvement de l’édifice, l’architecte est toutefois écarté par le maire au profit de Guy Bourdon, architecte formé à l’Ecole des Arts décoratifs de Paris. Si les premiers services s’installent dans le nouvel hôtel de ville au mois d’août 1974, l’édifice n’est véritablement achevé que le 17 octobre de la même année.
Edifice longiligne dont la façade préfabriquée assume totalement son écriture moderne, l’hôtel de ville de Forbach est implanté en retrait de l’avenue Saint-Rémy, de sorte à ménager une large esplanade. Engazonnée et agrémentée d’une pièce d’eau centrale, celle-ci permet d’apprécier la façade horizontale de l'équipement dans sa globalité et d’affirmer son rôle institutionnel. L'ensemble bâti est composé d'un volume principal formant un parallélépipède rectangle de 77 mètres de longueur, doublé à l'arrière par un second corps de bâtiment accueillant le hall du public. Sa façade, régulièrement ordonnancée sur trois niveaux, est sans doute l’élément le plus caractéristique de l'hotel de ville. Conçue en panneaux porteurs préfabriqués, selon un principe que l’architecte Roland Flageul emploie également pour d’autres réalisations lorraines (particulièrement les hôtels des impôts de Forbach et de Sarreguemines), elle est le symbole des grands projets de cette fin des Trente Glorieuses, période qui a profondément remodelé le visage de la ville de Forbach. Chaque panneau dessine un encadrement de baie délardé vertical dont le jeu d'ombres, créé par ses arrêtes vives, renforçe la monumentalité de la façade.
A l'intérieur, un double escalier monumental donne accès à la vaste salle dans laquelle se tiennent les séances du conseil municipal, mais également la salle des mariages, le cabinet du maire et des bureaux. Une grande salle, située en sous-sol, permet d’organiser des manifestations publiques. La cage d'escalier est cloisonnée en partie haute par un vitrail, œuvre du maître-verrier Arthur Schouler. La richesse des aménagements contraste avec l'austérité des façades, associant notamment le marbre de Carrare et le liège en parement, l'aluminium dans la structure de la suspension éclairant le salon. Celui-ci est par ailleurs meublé de fauteuils Barcelona de Mies van de Rohe. Ce style décoratif, dû notamment à l'architecte Guy Bourdon, a été préservé.
BOUR Roger, Moselle expansion – La Moselle Carrefour de l’Europe, Metz : Édition ANECIT-EUROPE, 1974.
« Mairies d’hier et d’aujourd’hui », in Chroniques de Forbach et sa région, Revue du Cercle « Die Furbacher », Supplément, n°5, 2014.
Décrit à sa construction comme « l’un des plus beaux et des plus spacieux de l’Est de la France », l’hôtel de ville de Forbach est un exemple significatif de l'architecture administrative des Trente Glorieuses. Sa présence dans l'espace urbain est renforcée par l'esplanade engazonnée qui le précède. Quant à sa façade, elle témoigne à la fois des principes de préfabrication lourde appliqués dans les années 1970 et de l'austérité des compositions souvent plébiscitées par l'administration publique.
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Commune de Forbach
- Roland FLAGEUL Architecte
- Guy BOURDON Architecte-décorateur
- Arthur SCHOULER (Maître-verrier)
- Sandor KISS (Artiste)
