Cité Fillod

Fameck (Moselle)
  • Habitat collectif Habitat individuel

Historique

Sortie de terre dans les années 1950, la cité de Fameck accueillait les employés de l'usine de Ferdinand Fillod, implantée à Florange. Les deux types de pavillons jumelés présents illustrent l'évolution de son système constructif métallique, mis au point dans le contexte de crise du logement social et de marasme économique des années 1930. Complet et novateur, il permet de produire des maisons bon marché en série. Deux personnes sans qualifications ni matériel spécifiques pouvaient assembler rapidement l'un de ses modèles d'habitations modulables et démontables. Stabillisés par la charpente de la toiture, les murs porteurs sont composés de "panneaux aciers" verticaux standardisés d'une cinquantaine de centimètres de large pour une hauteur d'étage. Entre les deux tôles d'acier doux entretoisées par un système de pince, un matériau isolant est ajouté (laitier, sciure de bois ou sable). Pour produire ses maisons "tout acier" en nombre, le chaudronnier jurassien s'associe aux maîtres de forge De Wendel pour fonder une usine, la "Constructions Métalliques Fillod". Dans l’immédiat après-guerre, l’augmentation du coût de l’acier rend leur fabrication peu rentable et contraint Ferdinand Fillod à adapter son système constructif en remplaçant la paroi extérieure par une tôle allégée plissée et celle intérieure par un panneau isolant (bois aggloméré ou amiante ciment-cellulose) ; il y intègre une lame d'air ventilée et un matelas de laine minérale. Outre l'habitat, des écoles, églises, hôpitaux et abris de jardins témoignent de son adaptabilité.

A son décès en 1956, l'inventivité du bureau d'études de la C.M.Fillod poursuit l'œuvre de l'industriel avec l'élaboration d'un système de façade basé sur le principe du mur-rideau, souvent employé pour des immeubles collectifs, des gymases et collèges. Des panneaux sandwich carrés ou rectangulaires aux dimensions multiples d'un module d'environ 30 cm sont appareillés et rapportés contre une ossature secondaire verticale. Ce procédé offre une richesse de combinatoires décoratives en façade comme le montrent les deux immeubles collectifs de la cité de Fameck.

Pour mémoire, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, F. Fillod invente le système constructif des "parois inclinées", principalement utilisé pour les baraquements - y compris sous le climat extrême des colonies. 

Dates à retenir

1930 : Brevet "Maison métallique"
1931 : Brevet "Perfectionnement aux constructions rapides"
1953 : Obtention du permis de construire et réalisation de la première tranche
1954 : Réalisation de la seconde tranche
1955 : Brevet "Elément de construction"
1960/1964 : Construction des immeubles collectifs
1967 : Brevet "Façade en éléments usinés appareillés"

Description

Jumelées ou réunies en bande, la trentaine de pavillons de la "Fillod" se démarque de l'environnement bâti par leur silhouette caractéristique - singuliers volumes étirés posés sur un socle maçonné et couverts d'une légère toiture à pans inversés, pour la plupart. Leur peau de métal, lisse pour les pavillons de cadres et nervurée pour ceux des ouvriers, dénote et met en valeur la sobriété de leur volume. Le socle et son rapport au volume habité expriment eux aussi la hiérarchisation établie selon la fonction de l'employé au sein de la C.M.Fillod. L'habitation du cadre repose sur un rez-de-chaussée habillé de moellons bruts appareillés en opus incertum avec un impressionnant porte-à-faux, renforçant la présence de l'ensemble. Celle de l'ouvrier, plus modeste, s'appuie directement sur un soubassement haut réalisé en parpaing de machefer enduit. L'accès au niveau habité se fait par un escalier métallique menant au palier, abrité par un auvent partiellement clos avec des plaques en polycarbonate posées en dévers. La modularité des systèmes constructifs permet des variantes dans leur implantation (unique en façade pignon, doublé en mirroir en façade sur rue), dans le choix du type de toiture (deux pans classiques ou inversés). Ils offrent également la possibilité d'ouvrir largement les façades avec des fenêtres de grandes dimensions dont la pose rapprochée est difficilement envisageable avec des techniques vernaculaires. Les pièces de vie bénéficient d'un éclairage naturel optimal et leur aération en est facilitée, en accord avec les théories hygiénistes de l'entre-deux-guerre. L'enveloppe bâtie possède par ailleurs une isolation thermique et phonique. Enfin, le cloisonnement intérieur est totalement libre en l'absence d'appuis intermédaires. Ce sont là des qualités de confort avant-gardistes pour cette période de construction. 

Quant aux deux immeubles collectifs dominant la cité, leur singularité réside dans le calepinage des panneaux composant leurs façades respectives. Elles sont animées par la répétition verticale alternée de deux combinatoires associant panneaux et fenêtres, dont la faible épaisseur de tableau renforce l'expression d'une façade-peau. Emboutis, les panneaux donnent à cet épiderme un léger effet de bossage particulier.

Le caracère novateur des constructions de Ferdinand Fillod est salué à deux reprises par l'Office Technique pour l'Utilisation de l'Acier (O.T.U.A.), avec une publication dans son livret en 1929 et en 1954.

 

Documentation conseillée

OTUA (Office technique pour l’utilisation de l’acier), Maisons à structure en acier, Paris : OTUA, 1954.

AMIAUX Florence, LEMOINE Bertrand (préface), L’industrialisation selon Ferdinand Fillod, Metz : CAUE de la Moselle, 2002.

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Intérêt

Le constructeur Ferdinand Fillod n’a laissé que peu de traces dans les livres d'histoire de l'architecture. Cependant, ses constantes recherches sur l'industrialisation et son importante production de constructions métalliques préfabriquées peuvent amener à le comparer au célèbre "maître du métal" Jean Prouvé.

"La Fillod", comme l'appellent les fameckois, regroupe des maisons individuelles, jumelées ou accolées en bande, et des immeubles collectifs. Peu dénaturées, les habitations de la cité ouvrière emploient plusieurs systèmes constructifs métalliques mis au point par l'ingénieux industriel. Inspirés de ses premières inventions datant des années 1929-1930, ils furent adaptés au contexte économique et technique des années 1950.

Période(s)

Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)

Maîtrise d'ouvrage

  • Société Wendel
  • Constructions Métalliques Fillod SA

Maîtrise d'œuvre

  • Philippe DROIT Architecte concepteur de la cité
  • J-H TARRAL Architecte en chef/Société Wendel

Autres intervenants

  • Constructions Métalliques Fillod SA (Maisons en ossature métallique)
  • ZAMPINI (Travaux de VRD et maçonnerie)

Localisation

Mots clés

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