Nancy connaît au début du XXe siècle une expansion démographique parallèle à son développement industriel. En 1906, la Ville lance un concours pour un château d’eau devant alimenter l'agglomération. Il est réalisé en 1908 par l’entreprise de travaux publics locale France-Lanord et Bichaton, sur les plans de l'ingénieur Eugène Griffon. La structure de béton armé est une application du procédé de la firme Hennebique, alors d’avant-garde.
Le château d’eau, désaffecté après la Seconde Guerre mondiale, est rendu définitivement obsolète suite à la construction de la nouvelle usine des eaux sur une parcelle voisine. La question de sa démolition se pose dans les années 1980, mais se trouve vite repoussée pour des raisons de coût. A cela s'ajoute l’opinion générale militant pour sa conservation. Plusieurs programmes sont alors imaginés : piscine, musée de l’eau, restaurant panoramique… La Ville de Nancy concède le château d’eau et son terrain pour un franc symbolique à la Société HLM de l’Est, aujourd’hui Batigère, qui veut y aménager dix-huit logements sociaux.
La conception est confiée à l'architecte Jean-Luc André. Les travaux sont réalisés par la société Nancy Construction de Heillecourt et achevés en 1988. L’opération de reconversion rencontre un franc succès auprès des habitants et de la presse. En 1990, le projet reçoit le Prix national de l’Habitat.
Haut de 35 mètres, le château d’eau Saint-Charles domine le quartier. Les 16 pylônes en béton armé, initialement prévus pour supporter une cuve de 1000 m3, libèrent un diamètre de 17 mètres et des niveaux de plus de 5 mètres de haut. Ces larges dimensions ont permis d’insérer 3 nouveaux planchers intermédiaires, une cage d’ascenseur et de répartir selon un plan rayonnant les 18 appartements, dont 12 duplex, sur 8 étages.
Les principales pièces d'habitation sont en façade. Salles de bains, kitchenettes et escaliers sont concentrés autour du noyau central, autrefois constitué par les conduites d’eau et l'escalier à vis.
Depuis l’extérieur, l’ensemble garde son aspect originel. Le réservoir accueille des celliers dans sa partie borgne. Hormis les fenêtres des premiers niveaux, les ouvertures créées pour l’usage d’habitation sont des duplications des préexistantes. La coursive en fer décorée de croix de Lorraine et le couronnement en béton sont d’origine.
La structure constituée de seize poteaux rayonnants de béton armé a été conservée. Les remplissages en briques de laitier ont été remplacées par des panneaux préfabriqués en béton. Des décors en briques rouges y sont plaqués pour parfaire l'imitation des élévations d'origine.
AMAL, France-Lanord et Bichaton, un siècle de constructeurs, Nancy : AMAL, 1998.
L’ancien château d’eau Saint-Charles, construit en 1908, est l'un des premiers bâtiments en béton armé conçus selon le procédé Hennebique. Il a été reconverti en 1988 par les architectes Claude Prouvé et Jean-Luc André, qui ont profité de cette rare opportunité de pouvoir transformer un chateau d'eau en immeuble d'habitation. Outre son originalité, cette reconversion s’inscrit dans une volonté de conservation d’un symbole du patrimoine de Vandoeuvre qui a fait l’objet de nombreux articles de presse, tout au long de sa vie.
Edifice antérieur à 1918, remanié
Dernier quart du XXe siècle (1975-2000)
- Batigère (Bailleur social)
- Jean-Luc ANDRÉ Architecte de la reconversion
- Eugène GRIFFON
- France-Lanord & Bichaton (Entreprise de travaux publics)
