En 1954, l'abbé Hannequin, chapelain de l'ermitage de Bonneval, fait appel au père Rayssiguier pour la construction d’un ermitage à l'emplacement d'un oratoire du XVIIe siècle. Le père Rayssiguier, disciple de Le Corbusier et co-auteur de la chapelle de Vence aux côtés d'Henri Matisse et d'Auguste Perret, présente en mai 1954 à Monseigneur Georges-Marie Petit, alors Evêque de Verdun, la maquette du projet, adoptée d’emblée avec enthousiasme. Dès les premières esquisses, le volume, conçu dans un souci de modernité plastique et constructive, se structure autour des trois espaces de sacrement définis par le programme : baptême, pénitence et eucharistie.
Les travaux, réalisés au rythme d’un financement besogneux, sont supervisés par le père Rayssiguier décédé brutalement en 1956, quelques mois après l’achèvement du gros œuvre. L’aménagement intérieur de la chapelle est alors confié à Pierre Szekely, tandis que la jeune artiste japonaise Kimié Bando âgée de 14 ans conçoit les arabesques incrustées en façades et le dessin des vitraux. Consacrée le 22 mai 1961, l’ermitage est classé au titre des Monuments historiques depuis 1998.
Implanté sur un terrain en pente au cœur de la forêt d'Argonne, l’ermitage de Saint-Rouin est construit sur des pilotis qui l'isolent de l'humidité. L’édifice est formé d'un bloc massif sur plan trapézoïdal construit en béton brut et percé d'ouvertures aux formes géométriques. La toiture terrasse est surmontée d'un clocheton en béton jouxté par une croix en aluminium de 7 mètres de haut.
A l’intérieur, le rétrécissement du volume en direction de l’autel concentre l’attention vers l’espace de la célébration, généreusement éclairé. La pureté des formes et le traitement brut de la matière sont mis en valeur par de subtils jeux de lumière et par un décor minimaliste, propices au recueillement et à la méditation. L’autel est constitué de trois blocs en grès des Vosges. Les arabesques incrustées en façades et le dessin des vitraux conçus par Kimié Bando évoquent les ramifications des arbres et les nervures des feuilles.
" Saint-Rouin-en-Argonne ", L'Art sacré, n°3-4, nov.déc. 1961.
Service régional de l'Inventaire de Lorraine, dossier " Ermitage de Saint-Rouin ".
Fonds photographique Vera Cardot et Pierre Joly, Centre Pompidou - Bibliothèque Kandinsky, disponible sur https://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-97536785f73bf27aec4cd564ced7657¶m.idSource=FR_DO-97536785f73bf27aec4cd564ced7657
Construit entre 1954 et 1961, l'ermitage de Saint-Rouin est érigé au cœur de la forêt d'Argonne selon les plans élaborés par le père Rayssiguier, dominicain, disciple de Le Corbusier et co-auteur de la chapelle de Vence. Cette réalisation, minimaliste et dépouillée, s’impose comme un manifeste de sa pensée en matière d'architecture religieuse. Son apparente austérité, due à l'emploi généralisé du béton armé laissé à l'état brut de décoffrage, est rehaussée par un traitement subtil de la lumière naturelle filtrée par des verrières colorées.
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Association diocésaine
- Louis-Bertrand RAYSSIGUIER Révérend Père
- Pierre SZEKELI (Artiste)
- Kimié BANDO (Artiste)
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