En 1966, la municipalité de Varennes-en-Argonne décide de rassembler en un même musée les témoignages de l’arrestation du roi Louis XVI en 1791 et ceux relatifs aux épisodes argonnais de la Première Guerre mondiale. Le terrain retenu est à proximité du Monument de Pennsylvanie, dessiné en 1927 par l'architecte franco-américain Paul Philippe Cret et commémorant la Grande Guerre.
Le projet est conçu gracieusement par l’architecte François Delfour en 1967. Les travaux sont quant à eux réalisés à partir de 1968 par des volontaires locaux, des étudiants du groupement Concordia, mais également l’armée, qui accepte pour l’occasion de détacher chaque été un petit contingent de sapeurs du Génie pour travailler à ce chantier. Le musée est inauguré le 3 juillet 1973.
Le musée est implanté en bordure de la rue Louis XVI menant au centre de la commune. Il se positionne en léger retrait, dans une parcelle arborée voisine du mail ouvrant sur le Monument de Pennsylvanie. Ce dernier commémore la libération de l’Argonne par les troupes américaines du général Pershing. La façade principale du musée, orientée plein sud, est tournée vers la rue, en signe d'accueil.
Le visiteur est d'abord frappé par la rigueur de la composition habilement fondée sur le principe constructif. Le musée est un damier de douze cases sensiblement identiques générant trois travées sur la façade d’entrée et quatre sur les façades latérales. Ces divisions sont solidement articulées par d'épais piliers de béton armé, reliés à leur sommet par des poutres métalliques, et supportant des pyramides ajourées. Cette disposition est soulignée par les têtes des poutres entre lesquelles s'écoulent les eaux de pluie.
La façade latérale orientée à l'est révèle que le bâtiment dispose de deux niveaux. A l'image de la façade sur rue, le niveau de soubassement est largement vitré. Les parois de l'espace d'exposition principal sont pour leur part fermées, ne laissant que de fines meurtrières latérales pour éclairer les oeuvres.
A l'intérieur, le visiteur est d'abord surpris de découvrir un espace double hauteur. Puis il circule dans les douze cellules couvertes de pyramides dont l'ouverture apporte une abondante lumière naturelle. Ce plan libre donne toutes possibilités aux conservateurs ; le choix qui s'impose aujourd'hui est celui de l'ouverture totale de l'espace, mêlant les différentes sections du musée en un seul regard.
GINION Guy, « Le musée d’Argonne », La revue lorraine populaire, n°103, décembre 1991, p. 34-35.
GUERIN B., « Le musée d’Argonne à Varennes », Horizons d’Argonne, n°25, 1973, p. 41-43.
MESLE E., « Le musée de l’Argonne à Varennes », Bulletin des sociétés d’histoire et d’archéologie de la Meuse, n°10, 1973, p. 101-105.
Le Musée d'Argonne est intéressant pour la cohérence de sa composition et de son système structurel. Cette réalisation préfigure le post-modernisme. L'architecte livre un édifice d'une rationalité extrême où un réseau de poteaux de béton supporte des couvrements ajourés et sont séparés par des parois ajourées selon les besoins en lumière naturelle des espaces d'exposition. L'intérieur s'avère donc particulièrement lumineux et s'adapte à toute forme de muséographie.
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Commune de Varennes-en-Argonne
- François DELFOUR Architecte
- Volontaires locaux
- Etudiants du groupement « Concordia »
- Armée