Construit à proximité immédiate de plusieurs casernes, l'hôpital militaire Sédillot (dénommé ainsi en 1913) répond aux besoins logistiques de la ville de Nancy, devenue capitale de l'Est de la France et située à quelques kilomètres de la frontière allemande. L'imposant édifice, programmé en 1895 et construit entre 1901 et 1910, est l'oeuvre du service médical de l'armée. Il contribue à la structuration du "Nouveau Nancy", territoire à l'ouest de la gare s'urbanisant après 1870 de façon anarchique. Le Parc Sainte-Marie, l'ensemble Nancy thermal, l'hôpital et une école supérieure de jeunes filles (projet remplacé dans les années 1950 par la construction du lycée Chopin) forment une figure urbaine monumentale et symétrique, perturbée depuis par l'aménagement de la piscine de plein air.
La restructuration de l'ancien hôpital en centre administratif départemental comprenant le siège du Conseil général de Meurthe-et-Moselle donne lieu en 1991 à un concours international. C'est l’agence François & Henrion qui en est lauréate. Les travaux s’échelonnent de 1992, date de dépôt du permis de construire, à 1995.
En 2012, l’agence est chargée de la mise en œuvre d’un nouvel espace d’accueil ainsi que de différents travaux d’actualisation et de mise en conformité du bâtiment.
L'hôpital militaire Sédillot est conçu selon des principes à la fois académiques et rationalistes. Des premiers, il reprend la symétrie de son plan et de ses façades ainsi que sa monumentalité affirmée. La modénature et le sobre programme décoratif sont du même esprit. Du rationalisme, le bâtiment conserve son principe d'économie et d'efficacité fonctionnelle. Il résulte de cette association un ensemble de bâtiments allongés transversaux reliés par une galerie axiale.
Soucieux des questions patrimoniales, les architectes prennent le parti de conserver les bâtiments hospitaliers, mettant en avant leur noble facture et l’image d’unité et de pérennité qu’ils confèrent à l’institution publique. A leurs yeux, ils sont tels un « héritage du passé actualisé par la dynamique et l’ouverture de l’architecture au projet contemporain ».
Les bâtiments reconvertis sont complétés par différents ajouts. L’ancienne galerie longitudinale est remplacée par une large rue intérieure, véritable colonne vertébrale et espace privilégié d’échanges et de rencontres. Les architectes choisissent de condamner l'entrée axiale pour inciter le visiteur à pénétrer latéralement au coeur de l'institution. La salle du conseil joue, pour sa part, du dialogue des formes : l'assemblée des élus est disposée en cercle dans une extension de plan triangulaire.
Rattachés à l'épine dorsale contemporaine, les bâtiments de l'ancien hôpital ont été réaménagés et donnent lieu à de sobres extensions à leurs extrémités pour accueillir des espaces techniques et de circulation.
GODET Olivier, Patrimoine reconverti, du militaire au civil, Paris : Éditions Scala, 2007.
Site internet de l'agence : www.francois-henrion.fr
L'Hôtel du département de Meurthe-et-Moselle s'avère doublement intéressant par les deux époques de l'histoire de l'architecture dont il témoigne. L'ancien hôpital militaire Sédillot a toute l'ampleur académique et rationaliste des grands équipements du XIXe siècle. La réhabilitation des années 1990 illustre quant à elle les enjeux patrimoniaux actuels et propose des conceptions spatiales et esthétiques résolument contemporaines.
Dernier quart du XXe siècle (1975-2000)
- Conseil général de Meurthe-et-Moselle (Collectivité territoriale)
- François & Henrion Agence d'architecture et urbanisme
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