Le musée de l’Histoire du fer trouve son origine dans la passion de deux hommes pour l’archéologie et l’histoire du fer : Édouard Salin et Albert France-Lanord. Tous deux ingénieurs de formation, ils se rencontrent en 1935 et créent quinze ans plus tard le Laboratoire de recherches archéologiques, intégré au Musée lorrain. L’organisation d’un colloque international sur le fer à travers les âges en 1955 se prolonge en 1957 par la fondation du Centre de recherches de l’histoire de la sidérurgie (CRHS). De là naît l’idée de construire un musée, selon un projet unique en Europe.
Propriétaire du domaine de Montaigu qui s’étend entre Jarville et Laneuveville, Édouard Salin cède une partie de son parc pour y implanter le musée. À partir de 1959, une ambitieuse équipe de conception se mobilise : Jacques et Michel André pour l’architecture, assistés de Claude et Jean Prouvé ; le muséographe Georges Henri Rivière, réputé à l’échelle internationale, pour une partie de la scénographie ; les enseignants-chercheurs Pierre Marot et Bertrand Gille pour le projet scientifique.
Les travaux débutent durant l’été 1961, à une période où la hausse des prix de construction impose de resserrer le programme et de supprimer l'une des trois phases prévues initialement. Le bâtiment est inauguré en 1966 et reçoit le prix de L’Équerre d’argent en 1969, ce qui constitue une consécration nationale.
L’histoire du musée se poursuit en 1984, lorsque Claude Prouvé ajoute une extension pour l’administration et les laboratoires, et en 2011-2012 avec l’aménagement d’une salle dédiée au constructeur Jean Prouvé par Jérôme Piquand, de l'atelier Paragraphe, prestataire de l’agence parisienne spécialisée en muséographie SIM & SAM.
Le musée s'implante dans un cadre arboré, au creux d'un virage de l'avenue du Général de Gaulle et en surplomb de la voie ferrée Paris-Strasbourg.
Le bâtiment originel est composé de deux ailes parallèles hautes de trois niveaux, reliées par une galerie. Les volumes jumeaux, décalés, usent du même système structurel composé de portiques métalliques extérieurs espacés de 4,80 m. Ce dispositif permet de vitrer totalement les façades, de libérer les plateaux d'exposition de tout point porteur et constitue un hommage au métal célébré par l'institution. Dans un jeu de contrastes, les architectes font reposer cette structure moderne et transparente sur un premier niveau de pierre, dont la matérialité met en valeur la grande légèreté du bâtiment.
A l'intérieur, le visiteur découvre des espaces dégagés, que des cimaises légères divisent sommairement. Les baies vitrées ouvrent sur les arbres alentour. Les étages sont reliés par des escaliers hélicoïdaux célébrant eux aussi les potentialités de l'acier. La visite se poursuit à l'extérieur où des cours plantées et une halle reçoivent des pièces de grande échelle.
Les ajouts et modifications successifs ont enrichi l'expérience architecturale. L'extension des années 1980, placée en amont de l'entrée, tranche avec les boîtes originelles par sa forme pyramidale. Une galerie ajoutée au même moment relie les niveaux supérieurs du musée et offre de nouveaux points de vue sur les cours et le parc. Enfin, la muséographie de la section sur Jean Prouvé est l'une des plus innovantes en Lorraine. Panneaux muraux et socles ont été pliés pour héberger des meubles, des éléments d'architecture et des écrans tactiles.
BAUER Caroline, « Une boite de verre : le musée de l’histoire du fer. Jacques et Michel André, Claude Prouvé (Jarville, 1961-1966) », actes du colloque Architecture et espaces de la conservation. 1959-2015. Archives, bibliothèques, musées. Quel patrimoine pour quels enjeux aujourd’hui ?, Presses Universitaires de Rennes. A paraitre 2016.
BAUER Caroline, L’agence André au temps de Jacques et Michel (Nancy, 1929-1973). Architecture, réseaux et filiations, thèse de doctorat en histoire de l’art dirigée par Claude Massu, Paris : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2015.
Le Féru des sciences, ancien musée de l’Histoire du fer de Jarville-la-Malgrange naît dans les années 1950-1960 d'un projet scientifique et muséographique alors unique en Europe. Œuvre majeure des frères architecte et ingénieur Jacques et Michel André, cet édifice permet à ses concepteurs d'obtenir en 1969 une consécration nationale : le prix de l’Equerre d’argent. La lisibilité du principe constructif constitue l'un des points les plus remarquables de cette réalisation à structure métallique. Les extensions et réaménagements récents sont eux aussi de grande qualité.
Label Patrimoine du XXème siècleReconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Commune de Nancy
- Jacques ANDRÉ Architecte
- Michel ANDRÉ Architecte
- Claude PROUVÉ Architecte
- Édouard SALIN (Initiateur et concepteur du musée, donateur du site d’implantation)
- Albert FRANCE-LANORD (Initiateur et concepteur du musée, directeur scientifique du laboratoire d’archéologie des métaux)
- Pierre MAROT (Directeur scientifique du musée)
- Georges Henri RIVIÈRE (Conseil, muséologue)
- Bertrand GILLE (Historien des Sciences, chargé du programme muséographique)
- Jean PROUVÉ (Ingénieur conseil pour les façades)
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