La décision de construire une cité scolaire devant accueillir 1500 élèves à Sarreguemines fut prise dès 1962 ; l'architecte Georges-Henri Pingusson en obtient la commande en 1964. Le vaste programme de ce complexe comprend un collège et un lycée technique industriel (1100 élèves), un collège et un lycée commercial (400 élèves), un internat, un self-service, des installations sportives, une chaufferie générale et des logements pour les professeurs. Les 18 bâtiments de cet ensemble prennent place sur un terrain arboré d'environ 7 hectares, proche du cœur de la ville, à l’emplacement de l'ancienne caserne de cavalerie Galliéni. Les trois rues qui le bordent offrent des possibilités de desserte différenciée par pôle d'activité. Reprenant le système de coursives permettant l'éclairage bilatéral des salles de classe employé notamment à Boulogne, l’architecte et son équipe proposent un premier projet en 1965. Celui-ci est définitivement adopté en mars 1967, après quelques ajustements et modifications. Contraint par un budget limité, Pingusson doit se montrer ingénieux pour proposer des solutions économes sans pour autant galvauder le projet originel. Débutée le 15 novembre 1968, la construction de l'ensemble est achevée en 1973. Le complexe est inauguré le 1er mars 1974.
La volonté d'assurer une lisibilité claire du site et d'organiser les différentes activités de manière fonctionnelle se dégage de la conception du plan masse de la cité scolaire. Rassemblés dans la moitié nord de la parcelle, les bâtiments d'enseignement théorique, les dortoirs et les logements destinés aux professeurs encadrent un noyau central sur trois de ses côtés en fonction de leur usage. Leur gabarit demeure dans une hauteur comprise entre trois et quatre niveaux. Quant au noyau central, organisé de plain-pied, il se compose d'une grande halle accueillant les ateliers techniques. Entièrement cernée de salles de classe et de locaux de service (infirmerie, cuisines et salle à manger, chaufferie), la halle bénéficie d'un éclairage zénithal. Certains bâtiments sont reliés entre eux par des galeries couvertes. Les installations sportives, quant à elles, occupent la seconde moitié de la parcelle. La façade principale de l'ensemble, volontairement implantée en retrait de la rue du Maréchal Foch, est magnifiée par la présence d'une cage d'escalier transparente et d'une salle de vie dont la toiture plissée abrite l'entrée de son large débord. Ces deux éléments contrastent avec la rigueur des lignes horizontales marquées par les volumes rapportés des coursives desservant les salles de classe. Enfin, le rez-de-chaussée entièrement vitré de l'Aula (salle de vie) invite à entrer dans un lieu de rencontre informel, ouvert à toute manifestation propice au développement de l'esprit de communauté et de solidarité. Il s'agit d'un ajout de G-H Pingusson, non compris dans le programme. Le second est une gare routière en sous-sol d’une capacité de dix autocars, rendue inutilisable face à l’augmentation du gabarit des véhicules. Enfin, l'architecte exploite dans cette réalisation les capacités du béton armé, offrant de grandes portées libres (coque de béton de l'aula notamment), et innove avec la pose de chassis vitrés en aluminium.
COLL., Georges-Henri Pingusson, architecte: l'œuvre lorraine, Itinéraires du Patrimoine, n° 147 (AMAL, DRAC Lorraine, service régional de l'Inventaire), 1997.
COLL., Moselle Architecture, Le XXe siècle, Cent ans / cent bâtiments, Metz : Serge Domini, 2003.
TEXIER Simon, Georges-Henri-Pingusson, architecte, 1894-1978, Paris : Verdier, 2006.
TEXIER Simon, Georges-Henri Pingusson, Gollion : InFolio ; Paris : Éditions du Patrimoine, 2011.
Le complexe scolaire Henri Nominé est conçu au cours des Trente Glorieuses par Georges-Henri Pingusson, l'un des architectes français majeurs du XXe siècle. L'ampleur de cette commande donne lieu à un plan habile, guidé par des principes fonctionnalistes. Assez sobre, l'architecture comprend plusieurs éléments remarquables dont une cage d'escalier hélicoïdale transparente et la Aula, une salle de vie couverte d'une coque de béton plissée. L'emploi de matériaux innovants, tels que les plaques fibro-ciment en bardage, et le soin de conception des détails techniques caractérisent cette réalisation de grande envergure.
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Ministère de l'Education nationale
- Ville de Sarreguemines
- Georges-Henri PINGUSSON Architecte
- Olivier DUGAS Architecte assistant
- Eric Van BELLINGHEN Architecte assistant
- Gustave ZACHARIAS Architecte d'opération
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