Construit au début des années 1970, cet édifice est l'oeuvre d'un architecte local, Christian Périnel, cultivant une certaine originalité. Alors que la plupart des architectes ont cessé de signer leurs réalisations après la Seconde Guerre mondiale, sur l'injonction de l'Ordre professionnel auquel ils appartiennent, Périnel a ici apposé une plaque nominative près de l'entrée de droite.
On devine aisément à quel point cette construction a pu renouveler l'offre immobilière à Verdun au cours des années 1970. La ville a en effet laissé peu de place à l'architecture moderne. Or cet immeuble bénéficie d'un site remarquable qui se situe à la lisière du centre historique, à proximité des anciennes fortifications. Il est voisin de l’une des plus importantes artères de la cité et marque une entrée dans la ville historique dont le canal tout proche forme les limites.
L'immeuble est situé parallèlement au canal, face au vaste jardin de l'ancien mess des officiers construit à la fin du XIXe siècle. Il propose des appartements s’ouvrant à l’est et à l’ouest. Les façades, visibles depuis l'espace public, sont traitées avec soin.
L’édifice s’élève sur un socle faisant place au stationnement automobile. Formant talus face au canal, cette levée de terre accueille arbres et arbustes, renforçant l’intégration paysagère de l’ensemble. Les escaliers extérieurs mènent chacun à un porche ouvert et protégé, s'ouvrant latéralement par des parties à claire-voie munies de verres colorés. L'horizontalité du rez-de-chaussée est accentuée par un long auvent - brise-soleil supporté par des piliers de béton au dessin sophistiqué.
Les niveaux supérieurs se présentent comme un jeu de bandes tressées qui s’entrelacent derrière les poteaux porteurs. Les larges surfaces vitrées ondulent comme pour mieux s'orienter vers divers points du paysage. Pour couronner l’édifice, le dernier étage est traité comme un attique en retrait, formant un balcon filant et surmonté d’une seconde pergola. Les deux extrémités de l'immeuble sont fermées par de grands pans de brique percés de grands oculus.
L'édifice, profondément ancré dans le site, semble attendre le moment où il pourra voguer tel un navire. Les formes courbes, le "ponton" supérieur et les fenêtres-hublots suggèrent en effet que la référence maritime est au coeur de la démarche de l'architecte.
A proximité du centre de Verdun, l'architecte Christian Périnel livre une vision originale de la barre de logements. Il tisse une composition de baies largement ouvertes entre les ondulations des pergolas et auvents, repoussant aux extrémités deux pans de mur en brique. Ces formes architecturales singulières distinguent l'immeuble du bâti de son époque.
Reconstruction et Trente Glorieuses (1945-1975)
- Christian PÉRINEL Architecte
